La Saintélyon, une course que l'on n'oublie pas dit-on. Nous
voilà 3 croco à prendre la direction de Lyon ce samedi 7 décembre 2013. Retrait
des dossards en milieu d'après-midi dans une grande salle du Palais des Sports.
Les premières questions se posent: mange t on maintenant, s'habille t on
maintenant, ou plutôt à Saint Etienne ? On fera les deux. Une fois arrivé à
Saint Etienne, dès la sortie du car nous sentons une différence de température,
il reste des amas de neige. Nous rejoignons une immense salle où des centaines
de coureurs vont attendre toute la soirée. On reconnait les habitués: ils se
reposent dans leur duvet allongés sur leur matelas en mousse. Derniers
préparatifs, Xavier, Bruno et moi rejoignons la ligne de départ. La tension
monte, nous n'avons pas froid malgré les -5°C. Le départ est lancé, une marée
de lucioles se met à courir lentement. Après quelques petites côtes pour sortir
de Saint Etienne, nous attaquons les chemins enneigés. Je perds rapidement le
contact avec Xavier et Bruno, trop de monde. Je m'arrête mettre mes yaktrak
comme de nombreux autres coureurs. Les chemins alternent entre la neige, le
verglas, l'herbe gelée et les cailloux. Retour sur la route, j'enlève ces
yaktrak que je ne trouve pas si utiles ici. Il fait un ciel étoilé, il fait
froid, c'est agréable de regarder cette guirlande de lumière se mouvant dans
les montagnes. J'arrive à Saint Christo-en-Jarez , km 17, en 1h 54, je suis
dans les temps. Je passe par la tente de ravitaillement, mais vu la foule je
repars immédiatement. Les chemins alternent avec les petites routes de
campagnes, beaucoup de coureurs chutent autour de moi, sans se faire mal,
j'évite 2 ou 3 gamelles aussi, je reste très prudent. Vers le 27-28ème km, je
me retrouve à terre sans avoir rien compris. "Ca va ?" me demandent
des coureurs. Après un instant, je réponds que non. J'ai beau bouger mes
doigts, il y a un truc qui cloche. J'enlève ma montre et remonte la manche de
mon coupe-vent pour voir que mon poignet a une forme bizarre. Un coureur me met
une couverture de survie sur le dos, un autre restera avec moi les 2 ou 3 km
pour rejoindre Sainte-Catherine en marchant sur la glace, dans la boue, dans le
flot de la course. On me dit "bon courage" à plusieurs reprises, je
dit la même chose quand je double une femme recouverte d'une couverture de
survie qui avance tant bien que mal en boitant et en soufrant. A
Sainte-Catherine je dis un grand MERCI à cet anonyme qui repart dans la course
tout en grelotant. Les pompiers m'emmènent aux urgences à Lyon. Deux
infirmières me voient arriver. "Que vous est-il arrivé?" Je leur dis
que je suis tombé à la Saintélyon. "Félicitation, vous êtes le premier à
venir aux urgences". Je me serais bien passé de cette 1ere place. Ce sera ensuite
toute une histoire pour retrouver Xavier et Bruno. Je n'ai pas moyen de les
joindre, ils me chercheront partout à l'arrivée. Fin de l'histoire: Je
n'oublierais jamais la Saintélyon: fracture du poignet.